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L'anxiété sociale ou la peur du regard des autres
Vous ou l’un de vos proches avez peur de prendre la parole devant un groupe, de marcher devant une terrasse noire de monde, de rappeler un serveur au restaurant, ou encore de faire part de votre opinion ? Lors de ces situations vous avez le cœur qui bat la chamade, vous transpirez, vous avez la gorge serrée ou l’estomac noué, vous rougissez ou avez du mal à parler ?
Vous souffrez certainement comme beaucoup de français d’anxiété sociale. Cette peur est considérée comme l’une des peurs les plus courantes, l’anxiété sociale toucherait selon un sondage 55% de la population française alors que moins de 10% de la population ne ressentirait jamais d’anxiété dans l’ensemble des situations que nous allons citer. Ces quelques lignes vous permettront certainement de mieux comprendre ce qui se cache derrière cette appellation d’« Anxiété sociale ».

L’anxiété Sociale c’est quoi ?

Il s’agit du nom donné par les professionnels pour désigner la peur du regard des autres. Celle-ci revêt de nombreuses facettes et survient lorsque la personne est soumise au regard des autres. En d’autres termes celle-ci survient lorsque souhaitant produire sur un individu une image favorable, la personne ne pense pas être en mesure d’y parvenir. L’anxiété sociale est souvent associée au regard négatif qu’on porte sur soi et ses performances ; la personne relève prioritairement ce qui ne va pas, selon elle. Elle tend ensuite à attribuer à ces éléments négatifs une importance démesurée, enfin, elle a tendance à s’auto dévaloriser de manière inappropriée et excessive en portant à porter des jugements globalisants et définitifs sur elle même : "je suis nulle", "je ne suis pas intéressant" "Je n'y arriverai jamais". L'anxiété sociale est liée à un manque de confiance en soi.
Des situations redoutées par l’anxieux social
« Dans les réunions de travail j’ai souvent la bonne idée avant tout le monde mais je n’ose pas l’exprimer, le regard et le jugement du groupe me paralysent. »
Ici la personne est perturbée à chaque fois qu’elle doit effectuer une prestation évaluable par un public. C’est ce que l’on appelle l’anxiété de performance. Deux familles peuvent se dégager selon leur degré d’interactivité. Certaines personnes redoutent les situations interactives (table ronde, débats, réunion), d’autres les situations non interactives (conférences ou cours à donner, texte à lire ou réciter), parce qu’il leur est compliqué de faire face à un public silencieux qui ne montre pas clairement ses réactions.
« Les gens vont s’apercevoir que j’ai peur. »
La crainte peut aussi survenir dans des situations d’échange et de contact, celle-ci peut se traduire par la peur de dialoguer avec un voisin ou encore engager la conversation avec un inconnu dans l’avion. Il peut s’agir d’une appréhension d’être percé à jour, de la crainte que l’autre se rende compte des manques ou de l’anomalie sociale.
« Ce que je vais dire est ridicule. »
Les situations où il faut s’affirmer : s’affirmer c’est défendre ses droits, exprimer ses envies, ses besoins, ses opinions face à autrui. L’anxieux peut avoir peur de dire non, de contrarier, de demander quelque chose ou encore de réclamer un objet prêté.
« Ils voient tous que je suis rouge, ils vont se moquer. »
La peur de rougir ; cette peur appelée éreutophobie est courante dans le trouble d’anxiété sociale. Il s’agit de la survenue facile d’un rougissement dans de nombreuses situations sociales, souvent corrélée à la notion de regard d’autrui. Cette anxiété de la rougeur va augmenter les probabilités de rougir.
"Des lors qu'une personne m'attire, je ne peux pas l'approcher sinon je perds tous mes moyens"
La "Dating Anxiety" se traduit pour la personne anxieuse par une difficulté (voire une impossibilité) à s’approcher, à dialoguer ou à programmer des rencontres avec des personnes qui les attirent.
Quels mécanismes sont à l'oeuvre dans l'anxiété sociale ?
Le premier soin du timide est d’éviter de se montrer anxieux. Il mettra alors en place de nombreuses techniques d’évitement : éviter totalement certaines situations anxiogènes ou développer des évitements partiels. Exemple : je parle en public mais en lisant ce que j'ai préparé. Ces évitements alimenteront le cercle vicieux de la peur ; à chaque évitement, la valeur anxiogène de la situation redoutée augmentera.
L’agressivité est aussi souvent repérable chez les anxieux sociaux, leur agressivité les assure de ne pas être approché et de ce fait d’être critiqué. Ces comportements nous viennent de l’ère préhistorique, le stress prépare notre corps à fuir ou à combattre. Il n’est donc guère étonnant que dans les situations où apparaît l’anxiété sociale, notre tendance spontanée nous pousse à fuir ou à agresser.
L’anxieux social utilise majoritairement le processus d'assimilation ; cela signifie qu'à chaque fois qu'une personne atteinte d'anxiété sociale est confrontée à une situation qui entre en contradiction avec ses convictions, sa tendance sera de sacrifier les faits pour préserver ses convictions. Un exemple : Sophie a très peur de parler en public, elle pense ne pas être claire et perdre ses moyens, rougir, bégayer. Sophie a osé prendre la parole en réunion et ça s'est très bien passé, elle a même été félicité pour ses remarques claires et constructives par un collègue. Sophie va attribuer sa réussite à des facteurs externes plutôt qu'à elle même "ok, j'ai réussi mais c'est parce que c'était facile, ce collègue m'aime bien, il dit ça pour me faire plaisir". Ainsi, elle ne remet pas en cause sa croyance comme quoi "je ne sais pas parler en public"). Ce mécanisme s’oppose à l’accommodation qui consiste à prendre en compte les faits, même s’ils doivent aboutir à une remise en question des croyances originales. Ce qui explique pourquoi une personne qui a de l'anxiété sociale va garder une mauvaise opinion d'elle même malgré des réussites notoires. Ainsi, elle aura toujours aussi peur et avec le temps cette peur grandira même jusqu'à la mettre en échec. Et la boucle sera bouclée (on parle d'"auto-prédiction négative").